Écrit au lendemain de la guerre, à l’heure où l’Europe se relevait de ses ruines ‘ l’Enfant mort et les comètes est l’oeuvre d’un jeune homme de dix-neuf ans qui sut remettre aux mots un mandat peu commun : camper le portrait du monde en son désastre et prononcer d’une même voix un impossible adieu à l’enfance.
Dans ce livre nimbé d’une grâce crépusculaire, Goffredo Parise fait se côtoyer les vivants et les morts comme si leur destin était brassé par les ressacs du temps. “Notre impression première, écrivait Eugenio Montale, est qu’il s’agit d’un conte, d’un tableau de Chagall au ciel peuplé d’ours et de fées. Mais la matière du livre,en partie autobiographique, excède une telle comparaison. Cette petite ville de Venetie pilonnnée par les bombardements aériens et traversée par un canal putride où flottent toutes sortes de déchets ; ces habitants à la lisière de l’humain qui vivent dans des caves ou des greniers et ont moins de lustre que leurs perroquets ou leurs rats;ces garçons qui ont grandi sans être pour autant pourvus d’un état civil (le principal d’entre eux meurt à quinze ans et son souveniR est en réalité le personnage du livre); tout cela n’est pas seulement le songe d’un écrivain précoce, c’est aussi le fruit d’une expérience vécue.
“La force de persuasion de l’Enfant mort et les comètes tient d’abord à son modernisme lucide qui s’épanouit avec la liberté la plus naturelle. Il est peu de pages où nous ne soyons saisis par d’authentiques fulgurances et par la marque d’un style incisif qui s’affirme d’emblée dans sa plénitude. “