Après onze années passées dans son bureau-bunker du Palais de justice de Palerme, le juge Falcone, figure maîtresse de la lutte anti-mafia, fait le récit de sa guerre en même temps que le tableau cru de l’organisation, épuré de sa légende, plus Iourd de sa vérité.
Pour combattre efficacement Cosa Nostra, il lui a fallu d’abord la comprendre « de l’intérieur », découvrir le sens de chaque mot, de chaque geste, le rapporter à ce tout d’une implacable rationalité que constitue le monde mafieux. Comme une partition qu’il déchiffrerait pour nous, Giovanni Falcone met au jour les modes de fonctionnement, les valeurs, les finalités, les codes de langage de Cosa Nostra. Finement retranscrite par Marcelle Padovani, c’est une magistrale leçon de sémantique mafieuse qu’il nous donne.
A entendre la voix des repentis, à voir s’organiser le système de pouvoir et de profit de Cosa Nostra, à sentir les contiguïtés qu’elle entretient avec la société sicilienne, à toucher de si près sa violence, on pénètre progressivement le cœur du problème : l’existence, face à l’État, d’un État-mafia.