Au passage des oies sauvages en migration, les hommes ont depuis toujours levé les yeux vers le ciel. Comme handicapés de ne pouvoir répondre à cette invitation au voyage, les esprits en quête d’absolu et de rêve ont cependant toujours trouvé dans ce spectacle une riche source d’inspiration. Notre besoin d’évasion, de plus en plus présent dans ce monde que nous façonnons souvent contre nature, veut se nourrir encore des appels sauvages qui résonnent toujours au plus profond de nous. Ma passion de longue date pour une riche nature libre a pu s’exprimer depuis quelques années au travers de la concrétisation du projet de sauvetage de la plus petite espèce d’oie sauvage de l’ancien continent. Je vole depuis sept ans avec des oies naines dans le but de leur enseigner à aller hiverner sur des réserves naturelles où elles ne seraient plus victimes des abus de la chasse. En moins de trente ans, cette magnifique espèce qui se reproduisait en abondance à la belle saison dans les marais reculés de Laponie, a été exterminée lors de ses hivernages dans les pays bordant la Mer Noire. En compagnie de ma femme et de quelques amis biologistes nous avons commencé, pour de nouvelles générations d’oies naines, un long travail d’apprentissage pour une autre route migratoire.